EXPOSITION
' Bienvenue dans mon instabilité ' :
Merveille Kelekele Kelekele à la Galerie du Jour agnès b.
02 septembre 2025

Du 6 septembre au 26 octobre 2025, la Galerie du Jour agnès b. accueille Bienvenue dans mon instabilité, la première exposition personnelle en France de Merveille Kelekele Kelekele.
Le vernissage aura lieu le vendredi 5 septembre de 18h à 21h, en présence de l’artiste.
Quand l’art devient un terrain de lutte intérieure
Pour sa première exposition personnelle en France, l’artiste engage le visiteur dans une traversée de son instabilité émotionnelle : un espace intime où ses sensations se confrontent, peuplé de créatures étranges et de symboles inspirés de sa vie.
« Je ressens, donc je m’exprime », affirme Merveille. Sa peinture est une manière de traduire des états intérieurs intenses, souvent impossibles à formuler autrement. Pour lui, l’instabilité est un dialogue entre son corps et le monde, un flux d’énergies contradictoires qu’il canalise sur la toile. Ses compositions vibrantes, traversées de formes organiques et de tensions sourdes, traduisent des états d’âme oscillant entre paranoïa, oppression et sacré. Peindre devient alors un exorcisme, une tentative de rompre avec des présences invisibles qui l’habitent.

“C’était le jour du baptême, le jour de la noyade, le jour du mort mort mort noyé, que Dieu Diable soit loué, Amen !”, 2025 Huile sur toile , © Merveille Kelekele Kelekele
Une vie façonnée par le mouvement et la résilience
Né le 6 février 2001 à Mbuji-Mayi, en République démocratique du Congo, Merveille grandit à Kinshasa jusqu’à l’âge de neuf ans. Le départ forcé de sa famille marque le début d’une longue migration à travers la Belgique, l’Espagne, puis le Portugal, où il commence à affronter les réalités occidentales du racisme et de l’exil.
C’est au Portugal que la peinture devient un chemin : d’abord à travers les ateliers scolaires et l’encouragement des enseignants, puis comme nécessité vitale d’expression. Ce qui commence par des dessins et courts-métrages évolue vers une pratique visuelle ancrée dans la narration, le mythe et la crudité de l’expérience vécue.
Arrivé en France à 17 ans, Kelekele poursuit ses études et intègre les Beaux-Arts de Paris, où il affine aujourd’hui sa voix artistique. À seulement 24 ans, ses œuvres ont déjà été exposées à Milan, Douala, Los Angeles et São Paulo.


Portrait de l'artiste Merveille Kelekele © Axel Gahizi yuhi – @harlem_blues_ , 2025
Entre sacré et turbulence
Les peintures de Kelekele refusent la stabilité. Elles oscillent entre rêves et cauchemars, rituels sacrés et luttes personnelles. Dans une œuvre, il met en scène une renaissance par rupture violente :
« Je meurs et je renais, sauf que cette fois je déchire le ventre de ma mère, parce que je suis trop grand, il y a du sang partout… »
Dans une autre, les mots « le jour des morts noyés » résonnent avec un paradoxe spirituel :
« Dieu Diable soit loué, Amen ! »
Ces œuvres brouillent les frontières entre réalité, foi et mythologie, plongeant le spectateur dans une expérience sensorielle plutôt qu’intellectuelle. Comme le souligne la commissaire Ami Diouf :
Bienvenue dans mon instabilité est une expérience dérangeante, qui se vit davantage qu’elle ne se comprend. Et personne, pas même Merveille, ne sait vraiment quelles émotions elle suscitera.