La photographie est montrée en ce moment au Centre Pompidou Metz dans l'exposition 'Copistes', en collaboration avec Le Louvre.
À propos de cette image, Agnès raconte la genèse et son inspiration, aperçue au Louvre il y a très longtemps :
« Mon école versaillaise, le cours Guflet, nous avait emmenés au Louvre contempler la Joconde. Je devais avoir dix ou onze ans... Dans une salle précédente, je m’arrêtai longuement, captivée par le mystère du portrait d’un jeune homme qui regardait au loin sur sa gauche, L’Homme au gant de Titien. Tombée amoureuse de lui, je rattrapais mon groupe qui s’était fort éloigné, déjà. Je retournais le voir plusieurs fois durant mon adolescence car, parfois, il me manquait. J’avais remarqué sa main non gantée aux veines apparentes, son attitude nonchalante ainsi que la désinvolture avec laquelle il tenait dans sa main gantée l’autre gant. Je lui trouvais un air rebelle dans lequel in petto je me reconnaissais sans doute. Je pense que c’est parce qu’il ne me regardait pas que je l’aimais tant. Longtemps je n’ai rien su de lui, seulement où il était. Je n’ai découvert que récemment que Louis XIV avait dû l’aimer aussi puisqu’il faisait partie de sa collection à Versailles.
Ce regard hors-champ s’est retrouvé très souvent dans les œuvres qui m’ont émue, impressionnée, bouleversée alors que les sujets de la publicité nous fixent intensément sans d’autre objet que celui de nous séduire, malgré nous. J’adore cette idée de la liberté du sujet qui a le droit de regarder où il veut... La Joconde, elle, nous regarde... et c’est cela que les gens aiment aussi, sa présence. Mais le hors-champ ouvre la possibilité d’un ailleurs. »
L'Homme au gant, 2025
Tirage sur papier Canson Arche Velin 88, 310 g, contrecollé sur aluminium
100 x 89 x 0,5 cm
Copistes est exposé au Centre Pompidou Metz, en collaboration avec Le Louvre, du 14 juin 2025 au 2 février 2026.
